
La pédagogie ne saurait être cantonnée à l’espace-temps formel de la classe. De l’accueil du matin à l’étude du soir, en passant par la pause déjeuner, les récréations ou les activités extrascolaires, chaque moment du quotidien de l’enfant peut être vécu comme un levier d’apprentissage, d’expériences relationnelles ou de développement personnel. Vendredi 29 août, les agents communaux en lien avec les enfants ont pris part, comme chaque année à cette période, à une journée pédagogique. Objectif : leur présenter le cadre commun et partagé du Projet Éducatif de Territoire pour qu’ils s’en emparent, le construisent ensemble et le fassent vivre. Dans cette optique, les agents ont été répartis en groupes de travail par Masséni Diaby, chargée de projet PEdT, afin de « favoriser une appropriation collective du projet et mobiliser l’intelligence collective autour de trois axes essentiels au développement de l’enfant » confie l’ancienne coordinatrice du périscolaire.
Favoriser l’épanouissement du jeune dans son environnement
Colonne vertébrale de toute entreprise éducative, l’autonomie s’apprend par étape, au fil des expériences et toujours en lien avec les autres : famille, enseignant, éducateurs, société…La développer chez l’enfant implique de nourrir sa confiance,
éveiller sa capacité de persévérer face aux obstacles et l’inviter à se risquer dans l’inconnu. C’est là le premier axe du PEdT. Favoriser son épanouissement, et aussi donner forme et voix à son expression singulière. « En lui permettant d’exprimer ses idées ou de participer aux choix des activités, notamment par le biais de boîtes à idées », suggère Alioune, animateur périscolaire à l’école David-Régnier Paul-Fort.
Les temps du périscolaire et de l’extrascolaire ne sont pas qu’une succession d’animations ; ils sont aussi un espace de vie partagée où l’on respecte les camarades au même titre que les adultes. « C’est aussi notre rôle de leur apprendre à s’encourager mutuellement et ne pas déprécier le travail d’un autre, réagit Sylviane, ATSEM à l’école Bois Loriot. Aucun enfant n’a marché le même jour, il n’y a pas d’âge pour progresser. » L’expression se déploie aussi bien dans le sport que dans la créativité. « Parler toujours avec bienveillance, garder vivants le chant et les histoires qui nourrissent l’imaginaire, et savoir obtenir le silence sans hausser la voix », préconise encore Sylviane. Là, s’esquisse un art subtil de l’éducation pour transmettre sans contraindre.
Un PEdT, pour quoi faire ?
S’il est obligatoire pour chaque commune d’avoir un projet éducatif communal, le Projet Éducatif de Territoire (PEdT) est quant à lui une démarche volontaire. La différence tient bien au mot territoire, où agents municipaux, enseignants, associations, animateurs et parents sont ici invités à penser ensemble l’enfant dans sa globalité. Une fois validé par quatre partenaires (la Ville, l’Éducation nationale, le Service Départemental à la Jeunesse, à l’Engagement et aux Sports – SDJES – et la Caisse d’Allocations Familiales), le PEdT incarne une volonté partagée de coordonner et d’harmoniser les actions éducatives. Il n’est donc pas seulement un outil technique, mais l’expression d’une ambition collective de faire de l’éducation l’affaire de tous.
Contribuer à l’apprentissage de la citoyenneté et au vivre ensemble
Le deuxième axe du PEdT met l’accent sur l’inscription de l’enfant dans la société. C’est aussi à l’école, dans les restaurants scolaires ou dans les accueils de loisirs que s’expérimentent des pratiques et habitudes qui mèneront chaque enfant et adolescent vers la construction d’une citoyenneté libre, éclairée et engagée. Tout au long de leur scolarité, ils découvrent un lieu où l’on apprend à connaître et reconnaître l’autre, dans le respect de principes communs et dans un environnement auquel il leur faut prendre soin.
« Il me semble essentiel de sensibiliser davantage les enfants au gaspillage alimentaire, en imaginant par exemple des défis par classe, concrets comme le pesage des déchets et récompenser les classes les plus éco-responsables de la semaine ou du mois », propose Giovanni, responsable des restaurants scolaires. Les animateurs jouent un rôle pivot pour faire goûter et éveiller la curiosité gustative sans contraindre. Pour la diversification des menus, le dosage est subtil également. Enfin, tous les intervenants s’accordent sur la nécessité d’œuvrer collectivement à l’élaboration de règles partagées pour garantir un certain art de vivre ensemble, en commençant par le bon usage des formules de politesse.
Encourager la cohérence des parcours de l’enfant et du jeune dans toutes les activités
Des règles partagées, c’est l’essence même du PEdT. Directeurs, enseignants, animateurs, ATSEM ou agents de restauration se doivent de tenir le même discours pour que les enfants évoluent dans un cadre clair et sécurisant. C’est déjà largement le cas dans nos établissements, mais le PEdT vient poser le cadre pour que l’harmonisation des consignes s’observe partout et tout le temps. « Lorsqu’un enfant insiste pour reprendre du dessert sans avoir terminé son plat principal, il est important que nous ayons le même discours, souligne un agent de restauration. Sans cela, certains enfants chercheront à obtenir une réponse différente auprès d’un autre adulte, comme ils le feraient parfois entre leurs deux parents ».
De la même manière par exemple, la préservation de la nature ne doit pas être un geste isolé, mais un apprentissage dans chaque contexte, « par des petits gestes du quotidien comme le tri, le zéro déchet lors des sorties, l’utilisation de matériel recyclable, la fermeture du robinet, l’extinction des lumières », énumère Maïmouna, animatrice dans la section maternelle de l’école primaire Honoré d’Estienne d’Orves.
La cohérence se nourrit aussi des rencontres entre générations. Pour la 2e année, les Solidalympiques, organisés par le CCAS et le Trait d’Union (TUVB) à l’occasion de la Semaine Bleue, vont rassembler seniors, enfants des accueils de loisirs et jeunes sportifs de la section multisports. Au-delà des jeux et de l’activité physique, cet événement transmet des valeurs de respect et de solidarité. « Les enfants doivent être valorisés comme les adultes, chacun ayant quelque chose à transmettre et à recevoir », estime Yasmina Akhannous, directrice de l’école maternelle Bois Loriot.

Des idées concrètes à mettre en pratique
« La journée pédagogique a démontré l’engouement des équipes à travailler ensemble dans cette direction », se réjouit Céline Van Butsel. Cette première réunion technique a fait émerger une richesse d’initiatives et de bonnes pratiques que Masséni Diaby a pris soin de recueillir pour nourrir les prochaines. Consciente du temps long qu’exige toute construction éducative et attentive aux réalités du terrain, elle rappelle que « le PEdT fait l’objet d’évaluations régulières, permettant de l’ajuster au gré des évolutions et des besoins de la population ».
Les familles, elles aussi, se verront offrir un espace d’expression et de dialogue, pour partager leurs interrogations, affiner leur compréhension des rôles de chacun et contribuer à l’élaboration du PEdT. Ainsi, des représentants de parents d’élèves sont conviés à prendre part aux réunions techniques. Car le PEdT se veut également un appui à l’organisation familiale, en proposant une offre d’activités périscolaires conçues en prolongement et en résonance avec l’école. C’est l’ambition du Plan Mercredi. « Chaque trimestre, sur cinq ou six disciplines sportives envisagées, quatre seront retenues par un vote des enfants, dont au moins une devra constituer une véritable découverte », précise Laurent, éducateur territorial sportif, qui garde la latitude d’adapter les activités selon les aléas climatiques.
Reposant sur un pacte partagé entre la collectivité, les services de l’Éducation nationale et la Caisse d’Allocations Familiales, le Plan Mercredi s’éloigne radicalement d’une conception réductrice de garde d’enfants pour incarner au contraire un temps éducatif structuré avec des activités de qualité.